15/04/2018

Actu : "Ces aliments qui nous empoisonnent"


J'avais prévu de vous parler cette semaine des premiers apéritifs du Printemps, mais je pense que l'actualité est plus forte que ce genre de chronique (reportée à la semaine prochaine, du coup). Certains l'ignorent peut-être, toutefois la revue "60 millions de consommateurs" a sorti, cette semaine, un hors-série (le n°125S, pour être exact) intitulé : "Ces aliments qui nous empoisonnent". Étant un lecteur occasionnel de ce magazine (qui se trouve être généralement plutôt intéressant), je me suis retrouvé absolument ravi de ce thème, trop souvent étouffé dans la masse des informations.

Oui, car pendant que "la France" s'inquiète de l'héritage laissé par Johnny Hallyday (laissez-moi rire...), d'autres s'intéressent à ce qu'il se passe dans le monde, le vrai (pour ne pas dire ; celui des petites fourmis). Et autant vous dire que le constat est affligeant : l'industrie agroalimentaire use et abuse de produits pas très sympas, encore et toujours. "60 millions de consommateurs" met donc en évidence bon nombre de ces méthodes peu ragoûtantes, pour notre plus grand... Plaisir?

D'habitude, je fais plutôt la promotion des producteurs, cependant aujourd'hui j'ai parfaitement envie de vous recommander ce fameux hors-série (qui fait tout de même jaser ci et là, et tant mieux). Pour 6,90€, honnêtement, la masse d'informations sur les dérives industrielles est vraiment conséquente. De plus, cela peut permettre à chacun de se rendre vraiment compte de la catastrophe que nous alimentons (et quel comble!) en achetant tel ou tel type de produit. Bien sûr, si l'essentiel du magazine est orienté sur la nourriture, il n'aborde que légèrement le cas du vin (et aucunement celui des autres alcools, malheureusement). Dommage, mais il y a une raison à cela (peu rassurante, je vous préviens) : le monde des alcools bénéficie d'un flou totalement anormal.


Énormément d'études se penchent sur les mets, mais bien trop peu se démocratisent autour des produits contenant de l'alcool. Tout ce que l'on sait, c'est que des cahiers des charges (qui sont des pavés administratifs de lecture assez abominables, pour en avoir lu quelques uns) prétendument strictes encadrent les productions. Si cette information est véridique pour la production Européenne (puisque celle-ci prend exemple sur le modèle Français, pour une fois), elle est complètement obsolète en ce qui concerne l'ensemble des importations. A l'heure où les Rhums et les Whiskies du monde entier (les vins aussi, me direz-vous) envahissent nos magasins, je trouve ça inquiétant.

Pourtant des "escroqueries" similaires à celles révélées par "60" ont bel et bien lieu dans l'univers (un brin mystique) des alcools. Il serait intéressant, par exemple, de calculer la quantité de sucre présente dans le Rhum Philippin Don Papa. Pourquoi, aussi, ne pas analyser les vins concrètement, à la recherche d'additifs chimiques notamment, comme pour n'importe quel autre aliment? En œnologie, on nous explique effectivement que le soufre est utilisé, mais il n'est absolument pas le seul intrant existant pour la vinification. Il y a également les levures exogènes (ajoutées donc, certaines apportant des arômes avec elles), les sucres ajoutés (qui permettent notamment, dans les moûts insuffisamment sucrés, d'obtenir un pourcentage d'alcool suffisant, et cela afin même de prétendre à la production de vin), les arômes aussi (la mention "vin aromatisé" l'assume parfois, mais qu'en est-il de toutes les autres bouteilles?), etc... La liste est longue (et encore, je n'ai même pas abordé la présence, abusive chez certains, des pesticides) et le voile mérite d'être levé.

Le problème du vin, pour ne parler que de lui, est que l'on parle d'un savoir-faire historique. Néanmoins, il s'agit de la même chose concernant la gastronomie. Lorsque l'on achète une bouteille de rouge, nous devrions nous poser les mêmes questions que pour n'importe quel autre aliment. Évidemment, la paranoïa est contre-productive, il ne s'agit donc pas forcément d'analyser en laboratoire chaque flacon. Mais regardons déjà à qui nous achetons, quel producteur nous encourageons par ce même achat. Sommes-nous en train d'engraisser des hommes d'affaire et des industriels (qui n'ont d'ailleurs probablement jamais taillé une seule vigne de leur vie), ou favorisons-nous les "petits" producteurs, méritants et malheureusement terriblement noyés dans la masse pour certains (faute de moyens et de renom, en l’occurrence)?

Un brin philosophiques, je l'admets, toutes ces questions ont le mérite d'être soulevées. Puisqu'il s'agit non seulement de notre passion pour la gastronomie, mais aussi du monde que nous voulons bâtir pour demain. Acheter et consommer est un acte militant, qu'on le veuille ou non (puisqu'il contribue à une cause, que l'on parle d'enrichissement ou d'épanouissement). Je pense qu'il est l'heure, au moins pour les Français, de se réveiller à ce sujet.

Juste histoire de boucler cet article qui, je l'espère, vous amènera au moins à réfléchir à tout ça, voici un petit florilège des révélations faites par "60", au sujet de certains aliments commercialisés dans l'hexagone (oui, je vais parfois donner les marques, à mon tour de taper un peu sur les industriels) :

- Les yaourts "non natures" possèdent très souvent des additifs, car ceux-ci sont présents dans les préparations (aux fruits, par exemple) destinées à être mélangées avec les yaourts. Pourtant initialement, la loi Française interdit la présence d'intrants dans ces produits. Le "champion" de la liste incomplète dressée par "60" est le "Panier de Yoplait Nature sur Fruits", avec pas moins de 12 additifs dans chaque pot! J'en reveux, s'il v'Yoplait!

Avec les félicitations du jury!

- Le Ketchup industriel (notamment l'un des plus célèbres, produit par Heinz) signe un résultat de 23% de sucre par contenant. Donc quand vous trempez vos frites salées (là, je vous laisse le luxe de choisir votre marque) dans du Ketchup, vous mangez à la fois trop salé et trop sucré... Bingo quoi!

- Le Poulain (chocolat en poudre, depuis 1848, quand même!) fait en sorte que vous refiliez dès le matin à vos gosses une poudre magique qui est composée à 86% de sucre, pour 14% de cacao (concernant Nesquik c'est guère mieux, je ne vous rassure pas). Autant leur préparer des bols de sucres, ce sera aussi efficace.

- Tous les produits "sans" sont autant trompeurs que les autres! Depuis le temps que je le dis! Cela concerne particulièrement les fameuses mentions "sans sucre", "veggie", "sans gluten", etc... Quand le sel n'est pas remplacé par le sucre (ce qui arrive fréquemment dans certaines sauces au soja, par exemple), ces produits estampillés "bien-être" ont tout autant recours aux additifs que les autres. De quoi faire grincer des dents nos chers végans, mais pas qu'eux.

- A 16h, il vaut mieux s'envoyer deux tartines de rillettes du Mans plutôt qu'un duo de barres Kinder Bueno. Alors certes, ça a moins de gueule dans la cour de récré, mais au moins votre marmot aura mangé un peu moins gras, et bien moins "chimique"...

- Les "laits" végétaux les plus connus sont une véritable aberration. Sojasun et sa "boisson de soja nature" nous arrose de phosphate de calcium (suspecté de favoriser certains maux chroniques) et de stabilisant (gomme gellane). Quand Bjorg nous sert son "lait d'amande bio", qui contient plus d'eau, de sucre, de sel, d'amidon de riz et d'algue marine que d'amande. Sérieusement, vous savez comment on produit une boisson similaire chez soi (en plus sain, je veux dire)? Vous mettez votre soja ou vos amandes (ça marche aussi avec beaucoup de variétés de céréales différentes) dans un mixeur avec de l'eau, et voilà... Rien d'insurmontable donc, même s'il faut investir dans un mixeur (il vaut sans doute mieux cela qu'enrichir des firmes titanesques, qui se font de l'argent en vendant essentiellement de l'eau et du sucre, venus d'on ne sait où qui plus est).

- Les nouilles (saveur légumes et sauce soja) en "cup" de Tanoshi contiennent 12 additifs. Loin, très loin d'un résultat sain, pourtant espéré dans les spécialités Japonaises.

- "60" signale plusieurs additifs liés au soufre, utilisés dans toute l'alimentation industrielle. Les voici sous leurs petits noms de code : E220, E221, E222, E223, E224, E226, E227, E228, E520, E520, E521, E522 et E523. Maintenant, je vous laisse lire les contre-étiquettes de vos paquets rangés dans vos frigos et placards, bon appétit.

Sur ces bonnes nouvelles, à la prochaine chers gourmets! Et faites attention à ce que vous achetez, ce serait dommage de se gaver d'additifs en pensant bien faire (oui, celle-là est particulièrement destinée aux pros du "bio-bien-bon-vegan-nature-bobo-méga-intolérants-du-jour-au-lendemain"). Bref, je vous aime sans sulfites, moi aussi.

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